L'entreprise coloniale vue sous l'angle du corps, une manière pour Paul Kawczak de saisir la pulsion de mort à l'oeuvre dans la conquête et l'appropriation des terres. Une conquête qui est désir de destruction où tous les colons de la vieille Europe sont des "Kurtz" en puissance. Des Kurtz incomplets, pas assez fous ou un peu ridicules qui partagent en tout cas au moins la même souffrance. Moins la colonisation qu'une quête enivrée et désespérée des personnages eux-mêmes, incapables de ne voir en l'autre autre chose qu'un objet d'asservissement. Un fiasco moral qui devient amoureux et physique. L'Afrique est un corps que l'on partage en 1884-1885 à la conférence de Berlin, avant de le dépecer, de le scarifier. Étonnante analogie entre la chair et le territoire, le progrès et la mort, entre Pierre Claes géomètre belge mandaté par le roi Léopold II et Xi Xiao, maître-tatoueur chinois et bourreau spécialisé dans la découpe des corps. ...
Chroniques littéraires