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Affichage des articles associés au libellé viol

Le Démon de la Colline aux Loups, Dimitri Rouchon-Borie (Le Tripode)

C'est l'histoire d'une vie qui se termine avant d'avoir commencé. Une vie qui n'a jamais vraiment commencé. C'est l'histoire d'un enfant passé deux fois par les tribunaux. La première en tant que victime, la deuxième en tant que bourreau. Et autour, des gens incapables de comprendre ce que le personnage principal est lui-même incapable de comprendre. La colline aux loups, un nid qui est l'autre nom de l'enfer mais aussi le seul souvenir, presque rassurant, de l'enfance. Et un démon, ou plutôt deux, le père et la mère mais pas papa ou maman, jamais, puisque Duke discerne à peine qui ils sont. Mais il sait ou plutôt il sent ce qu'ils lui ont fait. Quelques frères et soeurs au destin identique et le grand brouillard mental ensuite. Le Démon de la Colline aux Loups est un grand livre sur le langage et sur ce qui nous hante, notre impuissance à le formuler. Tout le talent de Dimitri Rouchon-Borie est d'avoir su restituer les nuances infin...

Chienne, Marie-Pier Lafontaine (Le Nouvel Attila)

Une prose éclair, une écriture naturellement brodée à la lame, des espaces blancs qui encerclent la pure violence d'un père sadique, l'odeur du viol à venir et de la soumission au quotidien. La peur et le silence ne durent qu'un temps, les mots sonnent la révolte. Marie-Pier Lafontaine décrit avec son rythme au scalpel les sévices en suspens, les humiliations, l'inceste et les maltraitances physiques ou morales endurées par deux soeurs qui n'ont rien demandé. Un père qui teste la docilité de ses filles, leur roule sur les pieds avec sa voiture, attache l'une d'elles à une chaise ("le Jeu de la momie") ou leur interdit de pleurer. Gare à la pluie de coups et d'injures. Parfois, des hurlements viennent briser le mutisme d'une nuit plus sombre qu'une ténèbre. Chienne , c'est d'abord une écriture sans fioritures où chaque mot est pesé, où chaque phrase tente à la fois de décrire et de saisir. Décrire la banalité du mal et en ...

Mes deuzéleu, Cyrille Latour (Lunatique)

            Livre qui tente de dire les non-dits et, par les mots, de faire parler les silences. Le soupçon du genre pose le cadre : Camille, un prénom dont on ne sait, au juste, s'il fixe une identité (masculin-féminin) ou déploie son ambiguïté. Une ambiguïté qui a cours pendant 50 pages. Honte ou colère ? Impuissance ou lâcheté ? Ecart entre la perception des événements par un enfant de six ans et leur réception par les proches, inconscience qui confine à l'indifférence, le petit garçon découvre un monde sans savoir toujours ce qu'il doit penser de ce qui lui arrive. Quel sens donné à cette rupture qui a les allures de la continuité vingt ans plus tard ? Il faudra cinquante pages au narrateur pour nommer le traumatisme, mettre des mots sur une réalité impossible à saisir, à comprendre. Que s'est-il passé ce jour-là ? A-t-on simplement joué, expérimenté ? Quelqu'un m'a-t-il réellement agressé ?    On joue un rôle par peur de déranger, o...

Arcueil. De l'éloge de la littérature (Aleksandar Bečanović, éditions Do) ★★★★★

               Arcueil. Pour bon nombre d'agrégés français, la ville d'Arcueil rime avec pression et Maison des examens. Mais c'est aussi et surtout le titre de  la dernière pépite des bien trop confidentielles Éditions Do. Des livres de cette qualité, pour être honnête, on en lit peu. Un livre avec un propos fort : la beauté de la littérature tient dans son incertitude, un art des possibles déployé à l'infini. C'est le vertige qui nous saisit, celui du sens qui nous échappe alors que la vérité est là, sous nos yeux, à peine déformée. Là est tout l'enjeu d'Arcueil, retors jeu de piste sur la vérité et le mensonge en littérature, signé d'un auteur monténégrin, Aleksandar  Be č anovi ć qui, au passage, a remporté le prix de littérature européenne en 2017 avec ce livre.     Alors, ça cause de quoi "Arcueil" ? De l'affaire, ou plutôt...