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Affichage des articles du janvier, 2019

Bilan de lecture : janvier 2019

Rapide coup d’œil en forme de bilan de nos lectures de janvier. Du bon voire du très bon, et pas mal de premiers romans. De souvenir de lecteur, c’est un excellent cru . Et le meilleur reste à venir ! ★★★★★   Deux immanquables  : les deux claques de la rentrée pour L’Espadon sont du côté de deux éditeurs ambitieux, Do et L'Ogre : Le passionnant «  Arcueil  » (Alexandar Be č anovi ć ) chez Do Éditions , réflexion sur la vérité et le mensonge en littérature à travers le scandale qui agita la capitale le 3 avril 1768. La victime ? Le sulfureux Marquis de Sade… Tout est dit. Le troublant premier roman de Grégory Le Floch, «  Dans la forêt du hameau de Hardt  ». Un livre sur la folie, un thriller psychologique irrespirable. On en fait encore des cauchemars … On vous laisse découvrir. Magistral ! ★★★★☆ Du très bon  «  Peine perdue  » signé Kent. Une romance désuète sans illusion sur la modernité, entre mélancolie

Un cadenas sur le coeur, Laurence Teper (Quidam) ★★★☆☆

           Un cadenas sur le cœur , premier roman signé Laurence Teper, se présente d’abord comme un léger récit de vacances. Avant de bifurquer vers la quête d’identité sur fond de Seconde Guerre mondiale. Dans les pas de deux familles, les Meunier et les Coquillaud, fidèles comme un couple lors de leurs vacances à Saint-André de Gironde. Mais rapidement, les relations se teintent de bizarreries… Et Claire Meunier de décrire cette mère acariâtre et maniaque, Ludovic, ce petit frère encombrant, ou ce Georges Coquillaud, «  petit, un peu court sur pattes, un peu flasque et trop glabre.  » Le décor est posé… Claire avait beau avoir fini par atteindre un certain âge, être mère de trois enfants qui n’étaient plus des bébés, avoir déjà et encore toutes ses dents (…), elle était encore et toujours avant tout une bonne élève.           C’est l’histoire d’un puzzle familial bancal dont Claire s’évertue à rassembler les pièces manquantes. Ou occultées. Un roman sur les se

Mrs Fletcher ou les tribulations d'une M.I.L.F. Tom Perrotta (Fleuve) ★★★☆☆

     Après les deux claques de la rentrée ( Arcueil et Dans la forêt du hameau de Hardt ) , il nous fallait lecture plus légère. Mission remplie avec «  Mrs. Fletcher ou les tribulations d’une M.I.L.F.  », pudiquement traduit par « mère sexuellement très attirante », signé de l’auteur américain Tom Perrotta, déjà connu de nos services pour «  Professeur d’abstinence  » et du grand public pour «  Les Disparus de Mapleton  » (adapté en série, The Leftovers ). Un titre aguicheur mais un brin trompeur, dans le bon sens d’ailleurs !         Il est donc question d’une quadra désœuvrée, Eve Fletcher, divorcée et orpheline de son fils Brendan, parti rejoindre les bancs de l’université voisine. La voilà en proie à la solitude et contrainte de prendre les choses en main. Addiction au porno sur la toile, flirt lesbien, retour à une vie d’étudiante, ambiguïté avec les collègues de travail… La presque-quinqua croise une foule de personnages, des cisgenres, des jeunes geek, des

No zone, Bruno Gay (Léo Scheer) ★☆☆☆☆

     Les récits post-apocalyptiques sont à la mode. Alors pourquoi pas sur L'Espadon. Mais parfois, il est des récits qui, à tort ou à raison, se refusent à nous. C'est le cas de No Zone , un premier roman signé Bruno Gay, collectionneur d'art primitif.       No Zone est d'abord un classique récit d'anticipation : une explosion radioactive vient d'irradier toutes les terres. Il ne reste plus rien. Ou presque. Une expédition de militaires et de scientifiques pénètre dans la zone interdite, où le  degré d'ionisation avoisine les 5000 sieverts. Ils y découvrent l'immensité calcinée. Et, la peur fixée au scaphandre de protection, ils avancent sous la menace et découvrent un biotope déformé, qui renaît toutefois. Les insectes, libellules et scarabées pullulent. Au loin, " des restes de civilisation amalgamés à la physique (...)"  "Au centre ondoyant et tout à la fois vertical d'un temple

Dans la forêt du hameau de Hardt, Grégory Le Floch (Editions de l'Ogre) ★★★★★

    Après " Arcueil " ( Éditions Do ), voici la deuxième claque de la rentrée. Pour être franc, on ne s’est pas encore remis du puissant «  Dans la forêt du hameau de Hardt  ». Et ce n’est qu’un premier roman, signé Grégory Le Floch. Mais pour tout dire, on n’attendait pas moins des jeunes et excellentes éditions de l’Ogre qui, jusqu’à présent, ne nous avaient jamais déçus.                Alors, ça cause de quoi ce bouquin au titre à rallonge ? De la confession d’un type, Christophe, traumatisé par un événement survenu en Calabre alors qu’il passait ses vacances avec son très vieux pote Anthony. Incapable de parler, de lâcher les mots pour dire l’horreur, il nous décrit, suffocant et convulsé, comment il a échoué dans ce patelin d’Allemagne, le hameau de Hardt, à la lisière d’une étouffante forêt. Il voit des fantômes — les images remontent, hanté par le souvenir d’un mort. Pense parfois à se suicider. Et puis voit un cactus, des épines, Lady Di, une cara

Arcueil. De l'éloge de la littérature (Aleksandar Bečanović, éditions Do) ★★★★★

               Arcueil. Pour bon nombre d'agrégés français, la ville d'Arcueil rime avec pression et Maison des examens. Mais c'est aussi et surtout le titre de  la dernière pépite des bien trop confidentielles Éditions Do. Des livres de cette qualité, pour être honnête, on en lit peu. Un livre avec un propos fort : la beauté de la littérature tient dans son incertitude, un art des possibles déployé à l'infini. C'est le vertige qui nous saisit, celui du sens qui nous échappe alors que la vérité est là, sous nos yeux, à peine déformée. Là est tout l'enjeu d'Arcueil, retors jeu de piste sur la vérité et le mensonge en littérature, signé d'un auteur monténégrin, Aleksandar  Be č anovi ć qui, au passage, a remporté le prix de littérature européenne en 2017 avec ce livre.     Alors, ça cause de quoi "Arcueil" ? De l'affaire, ou plutôt du scandale d'Arcueil en 1768. L'H