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Affichage des articles associés au libellé industrie

Janesville, Amy Goldstein (Editions Christian Bourgois) ★★★☆☆

      Alors, est-ce qu'il a toujours bon goût Barack Obama en matière de livre ? L'ex-président ricain nous avait conseillé Les Furies de Lauren Groff (son roman préféré en 2017!) et, pour tout dire, ce fut une révélation. Il paraît que Janesville — publié en 2017 aux États-Unis — est un autre "coup de cœur" de l'ex-pensionnaire de la Maison-Blanche. Alors pourquoi pas. Chez un éditeur de confiance de surcroit. Janesville , patelin de 63 000 habitants de l'Etat du Wisconsin, connu pour son usine d'assemblage siglée General Motors, évoque l'envers d'un mythe, le rêve américain au filtre de la réalité mondialisée : la croissance et la crise jusqu'à la faillite pure et simple d'un traditionnel fleuron de l'économie américaine, devenu fossoyeur de toutes les illusions d'ascension sociale. Rares sont ces livres à aborder de l'intérieur, frontalement, une désespérance partagée. Un vrai livre américain dans le refus d'une fata...

A la ligne : Joseph Ponthus, poète de l'abattoir (La Table Ronde) ★★★★☆

C'est parti pour les chroniques de la rentrée littéraire ! On commence avec "A la ligne" (La Table Ronde).        On aurait pu lire l’énième rengaine marxiste de l’oppresseur et du dominé mais Joseph Ponthus, pour son premier roman, a d’autres ambitions. La première bonne surprise de ce début de rentrée littéraire . Sur le fond et surtout par la forme.         Entre une majuscule et un point final qui ne viendra jamais, les litres de sueur, le labeur, la douleur et les pleurs «  d’épuisement accumulé  ». Le quotidien d’un intérimaire dans une conserverie de poisson puis dans un abattoir, incubateurs de désespoir. Trier les caisses, les poissons, les crevettes, déplacer des carcasses en les évitant, renifler l’odeur du sang, de viande de mort à cinq heures du mat’. Enchainer les «  nuits d’apocalypse bulotesque  ». Mettre des bouchons pour snober le fracas des machines, supporter les odeurs pestilent...

La Petite Gauloise : bombe à retardement ★★★★☆

Le court roman de Jérôme Leroy, La Petite Gauloise , a fait peu de bruit et c'est pourtant un bijou de lucidité, une belle gifle loin de tout sociologisme lénifiant.       Dans une ville portuaire de l’Ouest gérée par le Bloc Patriotique et traversée de rues au nom d’anciennes gloires frontistes (rue Jean-Pierre Stirbois), le capitaine Mokrane Méguelati vient de se faire exploser la tête par une balle de calibre 12, tirée par le brigadier Richard Garcia, policier municipal. Une belle bavure policière. Oui mais voilà, il faisait nuit, la ville est en crise et les «  désordres géopolitiques  » mettent tout le monde sous pression… Ailleurs, les esprits s’échauffent dans la cité voisine. Jérôme Leroy ( Le Bloc , L'Ange gardien ) bâtit un roman social d’une douloureuse clairvoyance, en dressant le portrait d’un pays à la dérive, qui a succombé au charme des extrêmes. Une France peuplée de «  petits retraités angoissés, de moyens...