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Articles

Affichage des articles associés au libellé féminisme

L'Invisible, Jeanne de Tallenay (Collection Femmes de lettres oubliées, Névrosée)

L’invisible est – du moins au moment où sont écrites ces lignes – l’un des seize titres publiés par les éditions Névrosée . Peut-être sera-t-on surpris par le nom que s’est choisie cette jeune maison – elle a été créée en mai 2019 –, initiative de la Belge Sara Dombret… Un choix que celle-ci justifie en ces termes : « Pourquoi ce mot-là et pas un autre ? Mais parce que précisément c’était l’insulte faite [aux] femmes pour les décrédibiliser. Appeler notre maison d’édition Névrosée , c’était remettre le langage en question d’une part et renvoyer l’insulte à l’envoyeur, en s’appropriant un mot que nous refusons, à l’avenir, de voir comme une insulte. » Les éditions Névrosée se donnent en effet pour objectif de « rééditer des femmes de lettres belges oubliées ou méconnues » , victimes qu’elles furent, et continuent d’être, de la misogynie sévissant dans le milieu des Lettres d’outre-Quiévrain, comme dans le reste de la planète littéraire… Les femmes furent...

À mains nues, Amandine Dhée (La Contre-Allée)

   Quand je lis ce texte d'Amandine Dhée, dont je découvre l'écriture, je pense à Jigoro Kano, l'inventeur du judo qui a d'abord étudié le ju-jitsu, ce combat à mains nues des anciens guerriers japonais, les samouraïs. Il est bien question d'une lutte verbale sans haine, d'apprendre à se défendre pour être soi et à soi, inventer son chez-soi. Mais comment se défendre quand on est désarmées, sur le champ de bataille ? À mains nues, des mots plein les poings. Un crochet, un direct, bam, uppercut et un autre crochet, séries de coups balancés avec la précision d'un sniper, rounds courts et respiration coupée, saccadée, apnée. Pour dire quoi ? Ce que c'est d'être une femme aujourd'hui en proie à un désir "scolaire", défini par une série d'injonctions et de pressions, contradictions infinies d'envies et de désirs interdits, prescrits. Pas facile de se défaire des déterminants moraux, sociaux, affectifs, culturels. Il faudrait tout o...

La Dévoration des fées, Catherine Lalonde (Le Quartanier) ★★★★★

Bon, le livre est sorti en 2017 chez l'éditeur québécois Le Quartanier, il ressort en mars 2019 et débarque sur nos tablettes suite aux fameux conseils de la librairie Myriagone d'Angers (merci à Andreas !). Il est là, sous nos yeux brûlés, avec sa belle couverture verte pleine d'espoir et on ne s'en est pas encore remis ! Comme un plaquage cathédrale pleine face, un Boeing en plein thorax, un kick au foie par Cédric Doumbé... Voilà ce qu'on appelle de la littérature. Une poésie des viscères, avec les tripes et le cœur, dans la fureur et la rage au ventre. La fièvre sémantique, combustible d'une urgence à cracher, expulser. Autant vous dire qu'on se sent un peu idiot à l'heure d'écrire ces lignes : comment rendre compte de la beauté de ce texte ? C'est impossible, à l'image du récent Des voix de Manuel Candré . Quand la langue dit tout, invente des mondes, récrée les conditions de notre appropriation des textes, il faudrait inventer une au...