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Articles

Affichage des articles du août, 2021

Boulevard de Yougoslavie, Bertina, Larnaudie, Rohe (Inculte)

Utopies et illusions de la démocratie participative, bien commun face aux intérêts individuels, place de l'oral et de l'écrit dans l'action publique, moyens du mieux-vivre ensemble, volontarisme politique et marketing urbain... Le passionnant Boulevard de Yougoslavie , signé d'un triumvirat d'écrivains, aborde ces éléments de l'aménagement urbain par le versant romanesque, histoire d'insuffler un peu d'âme dans  la ville. Le quartier du Blosne, né au sud de Rennes dans les années 60, a mal vieilli. D'abord perçu comme un progrès, l'ensemble a périclité au fil des décennies alors qu'au tournant des années 2010, un grand projet de rénovation est lancé. Sa particularité ? La place accordée aux habitants, invités à associer leurs voix aux décisions de la mairie. Au milieu, Youcef Bouras dirige une agence d'urbanisme impliquée dans le chantier. Mais son audit est remis en question, en particulier les préconisations. Face à la bronca, qu'il

Famille, Lydie Salvayre (Tristram)

Si j'écrivais des nouvelles (ahaha), je m'inspirerais largement de ce Famille signé Lydie Salvayre, paru dans une première version aux éditions Verticales en 2002 et réédité ici par Tristram à l'heure de la pandémie. Entretemps, le titre a changé (sûrement quelques phrases aussi) et ce n'est pas anodin, passant de Et que les vers mangent le boeuf mort à Famille , donc. Autant vous le dire, ce texte court (30 petites pages) m'a surpris. Dans le bon sens. Je ne connais rien de l'oeuvre de Lydie Salvayre et, allez savoir pourquoi, j'en avais plutôt une image lisse. Sans fondement, hein. Mais dans votre culture littéraire, vous avez des écrivains qui se baladent incognito , que vous connaissez de "nom" sans jamais les avoir fréquentés. Alors pourquoi aller vers ce bouquin ? Parce que Tristram. Lydie Salvayre nous prouve donc qu'en trente pages, on peut produire de l'excellente littérature. La couverture est impec, comme toutes les familles, c

Mon maître et mon vainqueur, François-Henri Désérable (Gallimard)

 Le François-Henri revient très en forme (mon collègue Shangols, s'il lit ces lignes, doit s'arracher les cheveux et les yeux) avec ce roman plein d'ironie sur le plus vieux sujet du monde, la passion amoureuse et ses affres, les sentiments lâchés, qu'on ne choisit pas, et les petites tragédies qu'elle charrie sur le chemin des injonctions nuptiales, familiales. Mon maître et mon vainqueur, suivant les pas d'un classique triangle amoureux (un narrateur, ami de Tina, Vasco, l'amant de Tina et un cocu mais qui ?) nourri de théâtre, de duel au pistolet, qui se frotte de poésie et s'engouffre corps et âmes dans la baise torride, peut se lire comme une tragi-comédie sur fond de procès. Quelqu'un a vraisemblablement tiré et touché dans le mille puisqu'il est en prison. Mais qui, pourquoi, comment ? A priori, tout a déjà été dit ou écrit sur le sujet. Ou le croit-on ! Mais non, tant qu'on a du style et une façon d'approcher les choses. Ici, FH

Adultère, Yves Ravey (Minuit)

 Le Ravey annuel est arrivé en mars et, encore une fois, il ne déçoit pas. Mieux, on se délecte à chaque fois d'une petite leçon de littérature à l'épure mystérieuse. Il suffit d'un titre à Yves Ravey pour déjouer les pronostics entre ironie malicieuse et attitude blanche. Il suffit d'une phrase à Yves Ravey pour poser un personnage, un caractère, un décor. Il suffit d'un prénom à Yves Ravey —Remedios, Jean, Walden — pour faire rire ou intriguer. L'histoire d'un pompiste, donc, au bord de la faillite. Un ami président du tribunal de commerce, un veilleur de nuit-mécanicien près de ses sous et une épouse aux sorties louches. Ah oui, j'oubliais, la retorse —ou consciencieuse — experte mandatée par l'assurance qui voit clair dans le jeu de Jean Seghers car les gendarmes, eux, sont un peu à l'ouest. Ou le croit-on. Bref, dettes, amours et incendie tissent le piège plein de cambouis où s'enfonce le malheureux pompiste... On aime beaucoup les livre