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Articles

Le Diplôme, Amaury Barthet (Albin Michel)

 À ne fréquenter que les éditeurs indépendants, j'avais oublié qu'on pouvait lire de bons romans chez les "gros". Oui, je ne lis jamais de livre Albin Michel mais tout ça, on s'en fout un peu. Je débarque donc dans ma librairie préférée le sourire aux lèvres et j'ouvre au hasard Le Diplôme d'Amaury Barthet, appâté par un réseau social. Je lis les trois premières pages. Ça parle d'un prof d'histoire-géo désabusé : "Au fond, j'avais hâte d'être à la retraite." Ce style accrocheur dès les premières lignes, je ris dans ma barbe et aussitôt j'achète la bête. "Si l'auteur parvient à tenir ce rythme, je risque de ne pas m'ennuyer" me dis-je. Eh bien ce fut le cas. Mieux, il m'est arrivé de rire franchement juste après m'être dit, l'air pénétré, oui la France a un gros problème dans son rapport au diplôme, comme être planté devant des serrures rouillées dont on ne trouvera jamais les clés. Parce qu'i
Articles récents

Le Dernier jour du tourbillon, Rodolphe Casso (Aux forges de Vulcain)

 Roman du partage, des orages amoureux, des confessions avinées, de la gentrification, du blues et du jazz aussi. Les buveurs se font poètes du zinc, fantasment leur vie et vivent leurs rêves en sirotant des Get 27 ou en rejouant à Street Fighter sur arcade, le tout dans une ville en mutation. Les bobos, les hispsters, les babas veulent prendre le pouvoir mais les bars PMU résistent en plein Paris. Les amitiés d'un soir résistent aux voisins grognards, aux trafiquants de drogue, à la police, et même la musique s'en mêle pour enchanter les derniers jours du Tourbillon, ce rade qui sent bon le passé avec ses piliers de comptoirs, ses descentes et son sol, un carrelage de casson où s'épanouit Casso, bel écho aux caissons du quatuor à l'envers, des Quartet bien à l'endroit. Oui, ce roman enlevé et gourmand retourne la tête comme un voyage éthylique au bout de la nuit. L'alcool libère la parole, libère les frustrations au rythme des lampées d'Apérol (boivent-ils

La Foudre, Pierric Bailly (éditions P.O.L.)

 Oh le mauvais jeu de mots, mais je vais le faire. Le nouveau roman de Pierric Bailly m'a foudroyé, bouleversé, ému, pour des raisons évidentes. A chaque nouveau livre du gus, l'émotion est encore plus forte. Les Enfants des autres m'avait scotché, Le Roman de Jim aussi, tandis que Polichinelle  m'avait donné le sentiment à l'époque, en 2008, d'être en présence d'un grand de la littérature française. Après sept romans, mon intuition s'est largement confirmée. Et puis, rien à voir, mais comme Pierric Bailly, je porte des casquettes et des sweats à capuche. Bon, je ne lirai pas cinquante bouquins de la rentrée littéraire, pas le temps, pas l'envie, pas tout un tas de trucs. Rien de grave, un bouquin de Pierric Bailly vaut à lui seul toutes les rentrées littéraires. Bien malin celui ou celle qui réussira à m'émouvoir à ce point. Alors, de quoi cause La Foudre ? Du Jura bien sûr, le Haut-Jura en particulier, de la Valserine, de la vallée de Joux,

Roman géométrique de terroir, Gert Jonke (Monts Métallifères éditions)

 À quoi reconnait-on un bon texte en littérature ? Mystère, même si notre expérience nous permet de mieux savoir quel lecteur nous sommes, ce que nous attendons d'un bon texte. Un roman qui désoriente, nous arrache à nos habitudes, à notre de désir de personnage, d'intrigue, de style. Un bon roman nous défenestre, nous déroute, et bien malin le critique qui voudra, pourra cerner l'originalité d'un texte dans ses notes de lecture. Monts Métallifères éditions est une petite et récente maison appelée à figurer plus régulièrement sur L'Espadon, parce qu'elle propose une littérature qui excite et dissone, perd et difforme. Offrir et ouvrir le champ des possibles, faire exploser notre petit coeur de lecteur, le promener sur des chemins étonnants et déroutants, c'est le programme de ce Roman géométrique de terroir, réédition d'un premier livre paru en 1969, écrit par Gert Jonke, écrivain autrichien, et remarqué à l'époque par Peter Handke. Les bons romans r

Le Bonjour de Christopher Graham, Guillaume Decourt (AEthalidès éditions)

 Grande joie de vous parler de ma dernière découverte, les pépites poétiques de Guillaume Decourt. Une actualité riche pour le tennisman-musicien puisque deux recueils paraissent coup sur coup chez deux éditeurs différents. On vient de vous parler de Lundi propre   à La Table Ronde. Chez AEthalidès, dans la bien nommée collection Freaks, paraît Le Bonjour de Christopher Graham . L'Amérique en ses fictions, ou plutôt les Etats-Unis en ses mondialisations, disparitions, dérisions. Ce pays m'a toujours laissé dans un entre-deux, mi-effrayé mi-amusé, mi-fasciné-mi navré que je retrouve ici. 37 poèmes de forme fixe pour passer les clichés du pays à la moulinette de la métrique Decourt. Et le voyage est formidable. On lit beaucoup à L'Espadon et on ne tombe pas tous les jours sur des recueils aussi puissants, insolites, exotiques. On a coutume de dire qu'on lit de la poésie, des romans, de la littérature, blablabla... Non, ce sont plutôt les livres qui nous lisent. La furieu

Spoèmes, Olivier Hervé (éditions du Volcan)

 Grande joie de vous annoncer la parution de mon deuxième livre, un premier recueil de poésie dédié au sport, l'autre grande passion de ma vie avec la littérature. La tête et le corps, l'athlète et l'effort, un programme musclé et oublié en poésie. Alors on enfile ses baskets, on enfourche son biclou pour enfin savoir de quel bois on est fait. Du hockey au bûcheronnage sportif, du patinage au hippisme en passant par l'île Marante et le Racing club de France, j'ai évoqué mes paradis perdus, situés quelque part entre la pelouse du stade Yves-du-Manoir et les cols mythiques des Alpes. De l'énergie, de la mélancolie, du jeu de la joie des succès, des défaites et des peines chassées par la petite reine. Enchaîner les tour des pédales pour combler le vide, faire parler les silences et mettre du son dans nos absences. Un peu de sport, beaucoup d'espoir. Bonne lecture ! En vente et en commande dans toutes les bonnes librairies, et sur le site de l'éditeur, c'

Lundi propre, Guillaume Decourt (La Table Ronde)

 Merveilleuse découverte poétique avec les dizains de Guillaume Decourt. Dizains, poèmes de dix vers, munis de décasyllabes rimés. Oui les portables sont insupportables / Mais pas les chansons de court canasson / Tell me Guillaume tennis ou idiome. Allez, j'arrête, mais comment évoquer ce recueil de soixante-dix poèmes sans trahir l'intention ? On se fout pas mal de l'intention finalement, ce qui compte c'est la réception. Aucune analyse ici poétique, juste des impressions en fuite, un feeling lifté sur des mots assemblés. De quoi parle Lundi propre ? De la Calabre et des States, des Calabraises et de Disney, du calendrier et de la peur de ne pas tout comprendre. Nager en mots libres, comme une danse pour muscler son coeur et surveiller la murène innocente. Guillaume Decourt fabrique des caraco de mots, des vers d'Acapulco, prépare des cocktails au rhum-coco en compagnie de son fidèle guanaco. Ailleurs on s'offusque de la domination masculine dans des décors roc