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Affichage des articles associés au libellé sentiments

Madame Jules, Emmanuel Régniez (Le Tripode) ★★★★★

L'Amour en sa foi et ses ruptures, ratures et déchirements. Madame Jules aime éperdument, follement, amoureusement M. Jules. Se l'imagine. Et Madame Jules aime baiser avec M. Jules. Pardon pour la trivialité mais c'est un peu l'esprit du bouquin, un grand livre sur des fantasmes d'amour. Un splendide texte sur l'ubiquité du désir qui, pour exister, se nourrit du secret. Ou plutôt " de la fiction du secret ". Amour vient du latin amor, "amour", "affection", "vif désir". La tendresse et l'attirance physique, proximité tendue entre la politesse du sentiment et l'obscénité du désir, les années de fidélité et l'irruption du vertige. Le cadre bourgeois et l'envie de tout exploser. Conflit entre l'amour pur et l'injonction des sens. Quand l'amour est civilisé, les sentiments nobles, le désir est sauvage et l'élan vital. Et si " le désir n'est qu'un complot " ? L'A...

Vigile, Hyam Zaytoun (Le Tripode) ★★★☆☆

     «  Vigile  » de Hyam Zaytoun est le récit court d’une nuit en enfer, suspendue au bon vouloir du destin. Une nuit donc, où l’homme qu’elle aime subit un arrêt cardiaque et sombre dans le coma. La mort qui frappe en plein cœur, sans appel. La chance de s’en sortir est réduite à la portion congrue, les médecins n’y croient même plus…     «  Vigile  » capture le désastre à venir et sa genèse ­— une femme avec deux enfants et sans père — sorte d’entre-deux entre la mort et la vie. Le deuil en son absence, en son invisibilité, en sa possibilité, une expérience par procuration. Ce qui frappe, c’est la douloureuse conscience d’une condition partagée. Car dans notre désir d’éternité, le livre nous rappelle sans détour la possibilité de la mort, la possibilité d'une fin avant l'heure, sans préavis. Déjà mort, encore vivant. Le témoignage, déchirant, décrit ce qui traverse la crise, la possibilité de la perte, image impe...

Partiellement nuageux, Antoine Choplin (La Fosse aux Ours) ★★★☆☆

Il écrit des poèmes, elle danse. Il observe les étoiles, elle joue aux échecs avec son père. Il a perdu Paulina, elle ne parle plus à son père. L’histoire d’Ernesto et Ema, qui se sont croisés par hasard à l’occasion d’une visite au musée de la Mémoire à Santiago du Chili. Pas le même rang social. Mais ces deux écorchés, gauches et timides, se tournent autour ;   leurs paroles ressemblent à des murmures. Ils n’osent pas, par peur de l'échec, par peur de l'autre et du passé...              Partiellement nuageux , le roman d’Antoine Choplin, a une vertu : son humble discrétion. Son humanité aussi, où l’on perçoit l’élégance du retrait. La langue se tait et suggère, sans effluve, sans artifice. Cette écriture allusive, du silence, nourrit les sentiments naissants de deux personnes rattrapées par leurs fantômes, dans un univers semé de petites étrangetés  : Ernesto est affublé d’un Crabe qui miaule, et de Wa...