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Articles

Affichage des articles du décembre, 2022

Le code Twyford, Janice Hallett (trad., Cécile Leclère, Denoël)

 Un petit thriller de temps en temps, pourquoi pas. Mieux, on s'est rendu compte qu'on n'en lisait pas assez à L'Espadon. Se laisser prendre par des voix multiples, s'abandonner à des horizons cassés, au suspense d'une narration bien ficelée fait du bien, beaucoup de bien même. Alors, c'est décidé, l'esprit plus léger (ou pas d'ailleurs), on ira fouiner du côté de page turner qui offrent en outre, si possible, l'originalité d'un regard sur le monde. Soyons honnêtes, ça n'est pas trop le cas dans Le code Twyford même si on ne va pas bouder notre plaisir. Un roman de 400 pages assez vif, qui raconte deux histoires en une. D'une part le destin d'un malfrat qui a passé onze ans en prison : son "recrutement", l'origine de ses errances, ses casses, sa chute et sa rédemption. D'autre part, le même personnage qui évoque une révélation à partir de la lecture d'un livre quand il était en cours de soutien pour élèves e

Voici des ailes, Maurice Leblanc (Libretto)

 Maurice Leblanc, le père d'Arsène Lupin, en connaissait un rayon sur la petite reine ! Avec Voici des ailes  publié en 1898,   nous voilà lancés sur les routes de Normandie et de Bretagne, à vélo, en compagnie de deux jeunes couples en quête de nature et de liberté. Régine, Madeleine, Guillaume et Pascal découvrent les joies de la bicyclette avant de redécouvrir au détour d'un carrefour, d'un bosquet ou d'un chemin, les plaisirs de l'amour. C'est que le vélo exige des efforts et des peines. C'est une conquête, de soi et de l'équilibre. Le vélo purge et libère. Nos quatre héros, enivrés par une liberté retrouvée, vont d'abord penser se brûler les ailes, présumer de leurs maigres forces. Mais non, bien au contraire, après quelques tours de pédales sur les routes de France entre Jumièges et Dieppe, Cany et Mortagne, après la sueur aigre et les brûlures aux mollets, ils vont faire corps avec des paysages et des émotions enfouies depuis longtemps avant d

Mort aux geais !, Claire Duvivier (Capitale du Nord T2, Aux Forges de Vulcain)

 Voilà le quatrième tome d'une série-concept de fantasy pour laquelle L'Espadon n'a cessé de s'enthousiasmer ( voir nos trois articles déjà publiés sur le blog ). Et n'y allons pas par quatre chemins, nous avons été passablement déçus par ce Mort aux geais ! situé à Dehaven (la néerlandaise ?), capitale du nord sur le point de sombrer dans la guerre civile comme Gemina (l'italienne ?). Ça cause ça cause mais, parfois, il ne se passe pas grand-chose. Tandis que les trois tomes précédents étaient de véritables page turner, ce dernier est assez plan plan et tourne parfois en rond, reposant sur une quête un peu molle (se venger d'Ebelin et sauver Delhia de Wautier). Encore de l'aventure certes et des révoltes préparées dans les alcôves, mais les scènes de palabres, de pensées et de pourparlers prennent hélas le dessus au détriment de l'action. Les scènes dans le bouge de la Popine m'ont un peu gonflé, en plus de me faire perdre le fil des personnages

Vendredi poésie #12 : Kae Tempest, Isabelle Bonat-Luciani, Emmanuel Régniez

On reprend de façon ponctuelle, sans pression de parution et la plume libre, nos "vendredi poésie", avec un beau programme, ce jour : l'énergie douce et rageuse de Kae Tempest dans Let them eat chaos (L'Arche), la jolie poésie mutine, et drôle (!) de Isabelle Bonat-Luciani (Aérolithe éditions) et l'art du jeu littéraire mêlé de fêlures de Emmanuel Régniez (Dynastes éditions).  On avait laissé Kae Tempest sur une parole de combat, libre, dans Étreins-toi , parcours d'un garçon transformé en femme et s'inspirant de la vie de Tirésias, devin aveugle de Thèbes puni par Héra. Examen de nos identités multiples et des voix qu'on leur prête, sous-tendu par la persistance du désir qui aveugle ou éclaire. Dans Let them eat chaos, on retrouve cette parole du combat dans un titre sans équivoque. En le lisant, j'ai tout de suite pensé à l'album de Bad Religion, Let them eat war. Des instincts révoltés qui refusent le monde tel qu'il va, tel qu'il ir