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Affichage des articles associés au libellé Histoire

Terres de sang. L'Europe entre Hitler et Staline, Timothy Snyder (Folio Histoire)

 Par Jean-Marc Goglin En 2010, T. Snyder, Professeur d’histoire de l’Europe centrale et orientale à l’université de Yale (Etats-Unis), propose une étude innovante sur l’histoire de l’Europe centrale et orientale entre 1933 et 1945. Cette recherche, d’abord traduite en français et publiée par les éditions Gallimard en 2012, vient d’être rééditée en « format de poche ».    T. Snyder fait œuvre de pédagogue. Il rappelle que la Première Guerre mondiale a fait éclater les grands empires européens et a donné naissance à de nouveaux États, la Pologne, l’Ukraine, la Biélorussie et les États baltes qui forment une « zone tampon » entre l’Allemagne et la Russie. La construction des États totalitaires en Allemagne et en Russie s’accompagne d’une remise en cause de la légitimité et de l’existence de ces États. Staline et Hitler, arrivés au pouvoir, mettent en œuvre des projets coloniaux . Ils entendent s’approprier, réorganiser ces territoires pen...

Oyana, Eric Plamondon (Quidam) ★★★☆☆

   Oyana est donc notre premier livre de l'auteur québécois Eric Plamondon. Son précédent, Taqawan, a rencontré un petit succès public et critique, relayé par des libraires tombés sous le charme de son écriture. C'est dans ce contexte qu'on attaquait cette histoire a priori pas faite pour nous. Une double trame en réalité, faite d'une histoire d'amour en rupture entre Oyana Etchebaster et Xavier, sur fond de terrorisme basque . L'intime et le politique. Ou est-ce l'inverse. Qu'importe, un livre lu d'une traite (enthousiaste) en une toute petite soirée. Plusieurs récits se chevauchent ici : une histoire politique du pays basque en lien avec l'abandon de la lutte armée de l'ETA. Le 3 mai 2018, l'organisation annonçait sa dissolution. A laquelle se greffe la romance en rupture d'Oyana et Xavier, cette dernière rattrapée par les erreurs et traumatismes d'une lutte armée involontairement choisie. Mais attention, l'auteur ...

Janesville, Amy Goldstein (Editions Christian Bourgois) ★★★☆☆

      Alors, est-ce qu'il a toujours bon goût Barack Obama en matière de livre ? L'ex-président ricain nous avait conseillé Les Furies de Lauren Groff (son roman préféré en 2017!) et, pour tout dire, ce fut une révélation. Il paraît que Janesville — publié en 2017 aux États-Unis — est un autre "coup de cœur" de l'ex-pensionnaire de la Maison-Blanche. Alors pourquoi pas. Chez un éditeur de confiance de surcroit. Janesville , patelin de 63 000 habitants de l'Etat du Wisconsin, connu pour son usine d'assemblage siglée General Motors, évoque l'envers d'un mythe, le rêve américain au filtre de la réalité mondialisée : la croissance et la crise jusqu'à la faillite pure et simple d'un traditionnel fleuron de l'économie américaine, devenu fossoyeur de toutes les illusions d'ascension sociale. Rares sont ces livres à aborder de l'intérieur, frontalement, une désespérance partagée. Un vrai livre américain dans le refus d'une fata...

L'Appel, Fanny Wallendorf (Finitude) ★★★★☆

                   Oregon, 1957. Richard est grand, dégingandé, un peu gauche et absolument pas doué pour le sport. Pour pas grand-chose en réalité. Simplement, il n’est pas dans son corps, il l’habite mal. Son surnom, « l’Hurluberlu ». Un athlète nerd quoi. Sourd aux injonctions, aveugle à son destin, il se réalise pourtant dans la formulation instinctive d’une technique parfaite. Son kif, c’est le saut en hauteur. Seulement voilà, si «  ce gamin dépasse tout le monde d’une tête (…), il est souple comme un verre de lampe…  ». Bref, c’est pas gagné. Il a 10 ans, inscrit dans un club de saut en hauteur et peine à en comprendre l’intérêt. Ce qu’il veut, c’est jouer, s’amuser, suivre sa voie. Sans calcul, sans ambition. Être lui, simplement, jusqu’au bout. Et comme toujours, c’est quand on renonce au but qu’il vient à nous. Pas tout à fait à l’aise avec ce qu’on lui enseigne, i...

Braves gens du Purgatoire, Pierre Pelot (Editions Héloïse d'Ormesson) ★★☆☆☆

     Aux Editions Héloïse d’Ormesson, on était restés sur le très bon «  Tableau de chasse  » d’Arnaud Guillon. C’est donc avec plaisir qu’on retrouvait Pierre Pelot, écrivain en marge des cercles littéraires, pour son baroud d’honneur avec «  Braves gens du Purgatoire  », son dernier effort donc. Un livre qu'on voulait aimer mais qui, hélas, ne nous a convaincus qu’à moitié. Explications.          Braves gens du Purgatoire évoque, dans un petit village vosgien, un assassinat. Maxime aurait tué sa femme avant de se suicider. Mais certains n’y croient pas, à commencer par leur petite-fille Lorena. Un fait morbide, départ d’une vertigineuse quête des origines…             Le style Pelot, qui a pu séduire ailleurs, est ici ce qui nous laisse sur la touche. Des phrases longues, insistantes ou trop précises,  riches d’adverbes et étrang...

Un cadenas sur le coeur, Laurence Teper (Quidam) ★★★☆☆

           Un cadenas sur le cœur , premier roman signé Laurence Teper, se présente d’abord comme un léger récit de vacances. Avant de bifurquer vers la quête d’identité sur fond de Seconde Guerre mondiale. Dans les pas de deux familles, les Meunier et les Coquillaud, fidèles comme un couple lors de leurs vacances à Saint-André de Gironde. Mais rapidement, les relations se teintent de bizarreries… Et Claire Meunier de décrire cette mère acariâtre et maniaque, Ludovic, ce petit frère encombrant, ou ce Georges Coquillaud, «  petit, un peu court sur pattes, un peu flasque et trop glabre.  » Le décor est posé… Claire avait beau avoir fini par atteindre un certain âge, être mère de trois enfants qui n’étaient plus des bébés, avoir déjà et encore toutes ses dents (…), elle était encore et toujours avant tout une bonne élève.           C’est l’histoire d’un puzzle familial ...

Le Sillon : qu'un sang impur... Valérie Manteau (Le Tripode) ★★★☆☆

         Le dernier Renaudot (on est ravis pour Le Tripode, récompense d'un travail acharné !) est pour le moins original. Pas d'intrigue, pas de suspense, aucun pathos dans Le Sillon , mais la radiographie d’un pays, la Turquie, née sur les cendres de l’Empire Ottoman voilà presque un siècle et nostalgique d'une puissance perdue. Un roman qui condense en fait plusieurs livres. Une romance, une chronique sociale et politique (d'abord une toile de fond qui devient le sujet principal du livre), un témoignage aussi, sous la forme d’une double quête identitaire. D’abord l’histoire de cette narratrice, française, partie rejoindre son compagnon turc à Istanbul. Une quête intime, individuelle, qui s’efface peu à peu derrière la quête d’une nation-mosaïque, collective celle-là. Celle d’un peuple en mal d’identité, lancé sur les rails balbutiants de la démocratie, entre nationalisme croissant et perte des repères. C’est aussi l’histoire d’un rappor...