Ça partait sur les chapeaux de roue ce nouveau roman de Fabrice Caro, l'auteur BD qu'on ne présente plus et qui en est déjà, mine de rien, à son troisième roman (après Figurec et Le discours). Un auteur que j'estime beaucoup, qui me fait hurler de rire par ses sketchs venus d'on-ne-sait-où. Beaucoup de lecteurs l'apprécient et nous en faisons évidemment partie.
Mais soyons directs et sincères, ce livre est raté. Une belle et franche déception. Aussi fracassant, tordant, jubilatoire soit l'humour de Fabrice Caro, cela ne suffit pas à faire un bon roman. Ni même un roman. L'impression d'assister dans Broadway à un one-man-show hyper rodé, calibré pour un rire toutes les deux pages. Autre image, celle d'une succession de saynètes de BD réussies mais qui tournent à vide.
Un presque quinqua reçoit, par erreur (?), une lettre pour le dépistage du cancer colorectal. Le gars panique, prend de l'âge, se rappelle au bon souvenir de son groupe de rock. Son fils Tristan dessine ses profs en position de levrette. Et puis pas grand-chose. Car il ne se passe rien, un type raconte sa vie, la vanité de sa vie, sa mélancolie, l'absurdité des relations sociales, les voisins avec lesquels on ne partage rien, les merveilles du paddle à Biarritz...
Hypocondriaque, inadapté social, vaguement déprimé, incapable de dire non, le narrateur ressemble étrangement à celui du précédent roman, avec la farouche impression de lire le même récit. Ça dure 200 pages. Tenir ainsi, à partir du seul humour, force le respect. Les premières pages sont ainsi tordantes car l'auteur a un talent fou dans l'oralité, avec cette façon de capter l'air absurde et médiocre de notre temps. Mais le soufflé retombe très vite car l'histoire ne décolle jamais. Il n'y a d'ailleurs pas d'histoire, pas d'intrigue, pas de personnages dignes de ce nom, pas de trame, aucune progression. En roue libre le Fabrice Caro, qui recycle et ressasse ses blagues (on va me dire que ça s'appelle un running-gag) et finit par dialoguer avec lui-même, seul dans son garage. Ça tricote, ça brode, ça n'avance pas et ça devient franchement ennuyeux voire lourd, comme le type qui raconte la même blague à chaque réunion de famille sans s'en rendre compte.
Hypocondriaque, inadapté social, vaguement déprimé, incapable de dire non, le narrateur ressemble étrangement à celui du précédent roman, avec la farouche impression de lire le même récit. Ça dure 200 pages. Tenir ainsi, à partir du seul humour, force le respect. Les premières pages sont ainsi tordantes car l'auteur a un talent fou dans l'oralité, avec cette façon de capter l'air absurde et médiocre de notre temps. Mais le soufflé retombe très vite car l'histoire ne décolle jamais. Il n'y a d'ailleurs pas d'histoire, pas d'intrigue, pas de personnages dignes de ce nom, pas de trame, aucune progression. En roue libre le Fabrice Caro, qui recycle et ressasse ses blagues (on va me dire que ça s'appelle un running-gag) et finit par dialoguer avec lui-même, seul dans son garage. Ça tricote, ça brode, ça n'avance pas et ça devient franchement ennuyeux voire lourd, comme le type qui raconte la même blague à chaque réunion de famille sans s'en rendre compte.
Tiens, François, dis-moi, au fait, tu l'as reçu toi le courrier pour le test de dépistage colorectal ? Mais je n'y arrive pas, quelque chose me bloque, et voilà peut-être la vraie définition de l'amitié : un ami c'est quelqu'un à qui l'on peut demander s'il a reçu un test de dépistage colorectal. Si ce geste nous semble insurmontable ou gênant ou déplacé ou incongru, alors on a affaire à un collègue, un copain, une vague connaissance, mais pas un ami.
Dans ce livre sans ambition sinon celle de faire rire, la rigolade des débuts mue alors en sourire automatique et se transforme pour finir en rictus un peu pathétique. L'ironie au service de rien, l'humour pour l'humour. Les pages défilant, c'est l'image d'une salle de spectacle qui se vide peu à peu de son public, lassé par un narrateur en tenue de clown vraiment triste, presque une caricature de lui-même. Alors oui, Fabrice Caro, l'auteur de Zaï Zaï Zaï Zaï, nous fait marrer, et bénéficie depuis, comme le dit mon collègue du blog Shangols, d'un joli et mérité capital sympathie. Mais là, le sentiment qu'on a été floués. Clairement, on préfère le Fabcaro de la BD...
Broadway, Fabrice Caro, Gallimard, août 2020, 194 p., 18€.
Broadway, Fabrice Caro, Gallimard, août 2020, 194 p., 18€.
Recension très juste, un one man show pathétique. Ma chronique, longtemps retardée, ira dans la même direction.
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