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Le Frisson, Ross Macdonald (Gallmeister, trad.Jacques Mailhos)

 Alex Kincaid vient à peine de se marier que sa femme, une certaine Dolly, le quitte le lendemain. Ou plutôt la jeune épouse semble fuir un truc, un homme menaçant ou un passé qui la hante. Alex fait appel à Lew Archer, détective privé spécialisé dans les affaires familiales tordues. Très vite, l'hypothèse de la fugue ne semble pas tenir debout, d'autant qu'un meurtre, sûrement en lien avec cette affaire, annonce des investigations délicates. De fil en aiguilles, Archer va découvrir un dédale de mémoires en lambeaux, des personnes apeurées ou déboussolées, des secrets compromettants au sein d'une petite communauté où tout se sait, ou rien n'est dit, sous le règne de l'argent-roi...

Un petit polar assez plaisant, pas tonitruant il est vrai, qui fait son office. Du suspense, des voyages entre les Etats américains, des personnages louches auxquels on ne peut jamais se fier. Dans ce petit chaos, à Lew Archer de démêler les fils de la vérité même si l'argent manque pour mener sa quête. Justement, l'argent, parlons-en. Les personnages en semblent largement pourvus. C'est aussi un moyen pour les uns et les autres de faire pression. S'appuyant sur son expérience et sa capacité à lire les personnalités, Archer mène l'enquête sans jamais nous dire ce qu'il a compris ou pas. 
Elle disait vrai. Je ne me souciais pas d'elle comme elle aurait aimé qu'on se souciât d'elle. Je ne lui faisais pas entièrement confiance. Son joli corps semblait abriter deux personnes différentes, chacune présente à tour de rôle —l'une sensible et franche, l'autre dure et élusive.
Un flou agréable qui ménage des surprises malgré un ensemble scolaire. Le détective va à la rencontre de chacun des acteurs et, à chaque entrevue, avance à petits pas, feint, met les petits plats dans les grands. Il se confronte aux secrets, à l'alcoolisme, aux renoncements destructeurs, aux amours-passions, aux mémoires enfouies. Un rythme honnête donc, mais attendu. Voilà, on ne s'attache pas follement à ces personnages un peu monocordes, sans grandes aspérités, mais on lit sans déplaisir cette enquête très sixties sous le soleil de Reno. Et preuve que le bouquin fonctionne, le twist final est assez malin, suffisamment en tout cas pour se faire avoir. Pas le bouquin du siècle, c'est sûr, mais une petite friandise agréable, un petit frisson tout de même.
                                                                                                                                                                     
Le (petit) Frisson, Ross MacDonald, Gallmeister, 357 p., 10,60€


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