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Le Crépuscule des licornes, Julie Girard (Gallimard)

Alors, je vais faire court pour Le Crépuscule des licornes. Je suis un simple lecteur qui a dépensé 20 € pour acheter ce roman, sur la base de la quatrième de couverture, d'un pitch alléchant et d'un mot : NFL. Comme une porte ouverte sur la tech, la fintech et les States, pays qui à la fois m'horripile et me fascine. Et puis New York, la belle et mythique grosse pomme. Et puis Gallimard chez qui normalement on fait attention, et puis premier roman, pour lesquels j'ai toujours eu un penchant. Je fondais pas mal d'espoirs. Alors voilà, soyons clairs, je ne comprends pas comment un texte pareil a pu passer un comité de lecture, encore plus chez Gallimard, dans la Blanche. D'abord, un problème de style et d'écriture. Il n'y en a pas. Pire, on a parfois l'impression, au détour d'une phrase bancale, d'un dialogue qui sonne faux ou d'un mot (morigéner, rétorquer, s'esclaffer) que l'autrice est allée chercher dans le dico des synonymes, posé là, sur un coin de table. Une écriture transparente, qui n'imprime pas, avec des allures scolaires. Quand je vois en fin de roman le nom de l'éditeur dans les remerciements, ça me navre encore plus. Vraiment, je ne comprends pas.

Disons tout de même deux mots de l'histoire. Zack (pas Morris) et Éléonore vivent à NY. Il a créé une start-up, plus "up" que "start", qui connaît la gloire. Une licorne qui met le réel sous chiffres et empoche les dollars (Zack ne se passionnait pas pour la NFL, il mettait au point des modèles mathématiques capables de prédire, avec une marge d'erreur infinitésimale, la composition de la meilleure équipe de football américain virtuelle. Le fantasy football... Et quelle fantaisie !  Meilleure phrase du livre, je vous préviens). Immersion critique dans le monde des expat' pas crédible pour un sou, dans celui des entreprises de haute technologie, de ses dirigeants (une quantité de noms d'entreprises, sacrée Gupta, c'est manifeste) des personnages qui sonnent faux à chaque page, jamais creusés ou attachants, sans psychologie. Une narration sans cap clair. Des décors en toc, superficiels, décrits en mode kalachnikov. La narration part dans tous les sens, abordant une foule de thèmes façon name-dropping (politique, science, art, amitié, un peu de sexe). Avec des molécules et des questions incroyables : "Comment cette puce filtrerait les pensées ? Alors que ses idées galopaient, son téléphone vibra."

De tels résultats exalteraient assurément Mister Secretary. Cela aurait de l'allure dans la communication de la Maison-Blanche. L'accident le plus fréquent deviendrait enfin le hacking de moelle épinière.

On ne retient rien, on s'ennuie ferme, on s'agace. Le sentiment de vide nous gagne. Et on se dit qu'un lycéen, ou même un collégien, écrit mieux. Un roman qui enfile autant de clichés que de touchdown manqués. Ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un bouquin aussi nul. The end.

                                                                                                                                                                     

Le Crépuscule des licornes, Julie Girard, Gallimard, janvier 2023, 290 p., 20€

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