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Parker ou Dexter, même combat

Parker ou Dexter, même combat
Malgré un passage par la table d’opération et un visage désormais transformé, Parker est traqué par le syndicat de New-York, l’Organisation. Passablement énervé, il va contre-attaquer froidement. Un sombre et virtuose polar, redoutable d’efficacité.

Rares sont les adaptations à se hisser au niveau de l’œuvre originale. Pourtant, le Parker de Richard Stark version BD, fait bien mieux. Il sublime le roman en lui donnant souffle et profondeur, tout en lui conférant une énergie brute incroyable. Le graphisme de Darwyn Cooke façon cartoon pop des années 50-60, un brin suranné, y est pour beaucoup. Alternant plans pleines-pages et zooms sur les visages, récits dans le récit et ellipses éloquentes, la BD retranscrit avec une parfaite justesse l’ambiance sombre, feutrée et glauque, propre aux grands cercles mafieux. Des casses parfaitement huilés et organisés, des personnages à la limite de la caricature, avec de vraies gueules d’écorchés vifs, et un dessin binaire ou anguleux sans aucune nuance, tout en bichromie, font de Parker une grande réussite. En plus d’une narration rythmée et efficace, il affleure de l’histoire une réflexion dense qui flirte avec les sommets : il est bien question de la déchéance humaine, de l’origine du mal, de la morale et finalement, de l’éternel retour de la violence. Une violence d’ailleurs canalisée par Parker, ce héros amoral et sans cœur, qui tue de sang-froid lorsque l’inévitable - le crime - fait force de loi. Parker, c’est l’instinct animal en action, toujours guidé par une névrose sombre et lucide. Sans intériorité et anesthésié, presque vidé de tout affect, Parker est un truand jusqu’au-boutiste : les obstacles sont là pour être supprimés avant tout, par tous les moyens et pour toujours. Inutile, donc, d’espérer un jour un quelconque rachat de sa part. Savant mélange d’énergie brute et de maîtrise froide, cette BD dégage au final une classe au charme infini. Et que dire de Parker, ce tueur implacable habité par une rage contrôlée, et donc effrayante ? Parker est une série qui a de la gueule et qui se fout de tout (de la morale, de la vox populi et de la rédemption) sauf d'une chose : la justice...et ça nous suffit amplement. (5/5)

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