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La Bête creuse, Christophe Bernard (Le Quartanier)

En ces temps de confinement, on inaugure une nouvelle série de notes de lecture, rapides comme l'éclair mais aussi précises qu'un tir couché de Martin Fourcade sur une cible à Östersund. Et bien sûr, comme d'habitude, on vous réserve la crème de la crème. On commence avec La Bête creuse du Canadien Christophe Bernard paru en 2017 chez nos cousins et l'an passé en Gaule. Un pavé d'une ambition folle, digne héritier de Thomas Pynchon et Rabelais, rien que ça !

Par Julien H.



Gaspésie hallucinée. 1911. Un pavé épique, truculent, mystico-mythique, d'une vivacité dans la langue qui donne envie d'en voir l'adaptation par Audiard. Le décor et l'exubérance des mots combinés ancrent en mémoire de nombreuses scènes comme cette incroyable divagation ferroviaire où l'on voit les gens et les objets grossir, se réduire, devenir flous, pour finir dans une ellipse alcoolique magistrale.
Sauf qu'il s'était pas fait que des amis, le Bradley. Oh non. Loin d'être tout le monde qui avait trouvé ça spirituel, son mot d'esprit. Poitras, il était chummé avec quelques tireurs de ficelle, une sorte de coop pas fiable qui essayait de s'organiser parmi les pêcheurs de morue du pays là-bas. On parle de marins au jargon mêlé de chiac et au shaggy huileux, empestant du foie.
Scène mémorable qui traversera d'ailleurs les générations en devenant légende. Parfaite visite de la difficulté de vivre, un mythe et les mystères d'une transmission hantée par la figure légendaire de l'aïeul. Des récits d'antan font d'ailleurs écho à la vie moderne où l'enfant prodigue revient au berceau dans une odyssée improbable et rejoint une cohorte de fous joyeux occupés à réduire en miettes la maison d'un riche parent. Mais tout cela n'est rien dans le foisonnement incroyable du feuilleton qu'est ce livre, qui part d'un match de hockey pour finir dans une course de jet-ski des neiges.
                                                                                                                                                  
La Bête creuse, Christophe Bernard, 2019, Le Quartanier, 717 p., 23€.

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