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Démo d'esprit, La Dactylo (Verticales)

Une Démo d'esprit, des mots et tu ris, comme une tuerie à l'écrit. Merci aux éditions Verticales de penser à ceux qui ne fréquentent pas les réseaux sociaux. L'aphorisme a de beaux jours devant lui sur les réseaux, mais il est tant consommé, à la chaîne, qu'il finit par accumulation à en perdre sa saveur. Comme noyé, invisibilisé. Il a besoin de temps, et nous avec, pour produire son effet. Aussi bref qu'il soit, l'aphorisme mérite que nous, lecteurs, nous nous pausions un instant, avec un livre, pour l'écouter et l'apprécier à sa juste valeur. En retrouver la fraîcheur. J'avais croisé ici ou là ces aphorismes posés, au pochoir, sur les murs de nos villes chéries. Du street art, de la poésie, des punchline, des mots d'esprit et de l'intelligence dans ces jeux de lettres savoureux, regroupés dans un petit recueil tout mignon où se côtoient photos, aphorismes autres prismes, et poèmes-miroirs. Vous les avez sûrement croisés, vous aussi, au temps du Covid ou lors de vos promenades citadines à Paris : "Je ne pense Covid qui nous sépare", tapissé sur un bout de mur aux motifs géométriques.



 Qu'elle nous parle de sexe ou de séduction, qu'elle détourne les expressions, qu'elle pointe l'absurdité, parfois, de nos sociétés, les tendances vegan ou les 50 nuances de thé, qu'elle vénère le dieu-cycliste ("En roue libre, je prie l'essieu") ou chante ses soeurs humaines ("Game-ovaires : quand tu apprends que tu es stérile", "Les misogynes n'ont aucun état dame"), La Dactylo réveille quelques neurones endormis avec le sourire et l'art, déplace les bons critères de la morale et plonge dans nos âmes un peu bordéliques. Outre les photos, s'ajoutent des jeux typographiques qui doublent et redoublent le sens de ces prismes. Fini l'amour, mieux vaut le jour des mots, le détour par les murs qui nous murmurent de petites vérités touchantes sur nos pensées louches et bancales. D'ailleurs, on a toujours un penchant pour les gens bancals susurre l'autrice-graphiste-poétesse-photographe. On meurt d'envie de vous citer tous les bonnes saillies de ce recueil mais nenni, allez découvrir par vous-mêmes. Allez, juste deux trois. Page 97, magnifique photo, pleine de poésie végétale (et murale). Un mur décrépi sur lequel pousse du lierre. Et Dactylo d'écrire entre trois lianes : "Je m'attache à toi, lierre de rien".  Une pensée à nos amis ukrainiens, qui dit à peu près tout : "En guerre, la nuit ne tombe plus seule". Un recueil à l'image d'un style plastique et catchy, doux comme la poésie, piquant comme une envie de révolte. On laisse le dernier mot marin à Dactylo, du recueil le plus beau, une Démo d'esprit comme un doux massage spirituel :

I want to sea you, sand me a message

                                                                                                                                                                      

Démo d'esprit tuerie, La Dactylo au plus haut, Verticales pochoirs, novembre 2022, 122 prismes visuels., 12 zorros


Commentaires

  1. merci, ça donne envie de lire ce recueil ! (un lecteur Lambda)

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