Un livre pour rien. Ou
pas grand-chose. On l’écrit avec d’autant plus de regret que Pascal
Brückner, l’essayiste, toujours pertinent dans ses livres (L'Euphorie perpétuelle, La Tentation de l'innocence, La Sagesse de l'argent...) convainc souvent par son réalisme lucide.
Brückner le romancier a aussi écrit quelques beaux livres. Le terrifiant Lune de fiel d’abord, puis Les
Voleurs de beauté ensuite. Mais avec Un an et
un jour, l’auteur se perd on ne sait où. Sûrement pas dans une ambiance
inquiétante et fantastique à la Shining mais plutôt dans un univers absurde et improbable.
On suit les pas de
Jézabel Thevanaz, prof de maths en Savoie, fille d’un ancien pasteur devenu
horloger, brillant mais maniaque sur les bords. Sa fille doit se
rendre au Canada pour aller porter à un ami une montre un peu spéciale :
celle-ci n’indique pas l’heure mais détruit le temps… En voilà un pitch
intéressant. La première raison de notre achat, le nom de l’auteur étant la seconde. Et puis ?... Rien. Un avion qui déraille dans une terrible
tempête et voilà Jez’ coincée dans un vieil hôtel tortueux du nord des Etats-Unis, avec de la neige autour.
Celui de Shining, si, si. Elle y dort une nuit mais se réveille un an
plus tard, lui affirme la réceptionniste. Incapable de payer la note de séjour, la voilà désormais
esclave et prisonnière. De là, des rencontres impromptues avec une femme
nourrice, des caïds, des racailles…
Ce n’est ni inquiétant,
ni étrange, plutôt comique et improbable. Tout juste une petite critique de la
médiocrité ordinaire ou des dérives à l’américaine. Et encore. En réalité, on
ne sait pas où l’auteur veut en venir. On s’ennuie, les personnages sont
inconsistants et l’intrigue, farfelue, avance sans ressorts. Même l'écriture, si virtuose d'habitude, semble fatiguée. Reste
ces dix dernières pages, pas inintéressantes mais qui font pschitt si l'on s’est
coltiné les 150 précédentes. Dommage. Un livre que l'on va vite oublier. Une décevante parenthèse, on l’espère. (1/5)
Un an et un jour, Pascal Brückner, Grasset, 18€.
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