Un bout de pain, la cacophonie du vide, des claques et des nuits en train de rire. De l'autre côté, mon pays ou une pomme, l'arme légère se recueillir parmi les monstres hirsutes. Promis, je ne chercherai rien. Juste la lecture et la poésie. Pas de traduction nécessaire, juste s'alléger, d'une manière ou d'une autre. Comme chaque matin au moment d'avaler son café, comme un addict incapable de décrocher de Facebook, lire son petit poème signé Thomas Vinau. C'est le programme en 365 actes de ce recueil. Et C'est un beau jour pour ne pas mourir.
Lire de la poésie, pour nous, c'est avant tout se faire bercer par la musicalité des mots assemblés. Et non pas se bercer d'illusions. C'est donc une façon de croire en quelque chose, au-delà des tristes apparences. La poésie, c'est de plus en plus rare et pourtant ça fait du bien. Commencer sa journée par un poème, c'est le gage d'une journée réussie ou du moins, de partir du bon pied. 365 poèmes comme autant d'invitations aux surprises, aux errances. Des canards et du fracas, des mers à traverser et parfois le grand rien. Une poésie feel good ? Expression cheap pour dire la justesse d'un regard familier et complice, vif et clairvoyant. Mais Thomas Vinau va plus loin, plus haut en partant du bas, débusque avec une élégante douceur les petits riens qui fondent une vie, les détails féconds. Préfère rester en haut du pont ou perché sur ses collines pour observer les cascades mortes, les pavots sauvages et les chemins qui serpentent. S'inquiète des corbeaux émeraude, goûte la beauté des rues mouillées et l'air froid après la pluie, la nuit remplie de gris avant la chute. Thomas Vinau observe le monde, regarde ce qui l'entoure et, comme un philosophe, s'étonne avec la foi du désenchanté qui pourtant aime avec excès. Les petites joies, les grandes peines, des listes de belles choses, l’œil acéré et la plume vagabonde.
Des mers à traverserLes nuits sont courtes
Et les jours longs
La lumière dessine
Des mers à traverser
Entre le vide et le néant
Des vies chaloupées, pour mieux tromper la routine et s'enivrer de quotidien. Nous sommes peut-être des questions sans réponse et des réponses sans question. L'histoire d'un temps suspendu, comme les vies qui passent. Reste la poésie pour repousser l'échéance. Comme une tension vers l'inconnu. Car la poésie sert les mots, Thomas Vinau voit les mots sous tous les angles et donc le monde, à l'envers. Il nous rend plus attentif au monde et partant, plus présent à lui. Nous voyons la surface, il discerne le fond. S’accommode parfois de vérités crues pour mieux nous élever. Plus de sagesse, plus de plaisir. Qui a dit "le plaisir poétique n'est pas un plaisir facile" ?
C'est un beau jour pour ne pas mourir, Thomas Vinau, mars 2019, Le Castor Astral, 418 p., 17€
C'est un beau jour pour ne pas mourir, Thomas Vinau, mars 2019, Le Castor Astral, 418 p., 17€
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