Passées les limites sur ce type de bilan, on aime vous conseiller quelques bouquins et vous renvoyer vers des articles pertinents. Après un premier "carnet de lectures" optimiste, on le répète, les sorties de ce début d'année sont d'un très bon niveau : par leur exigence formelle, leur sujet, leur ambition, leur ton. Voici notre sélection des titres à ne pas manquer en ce moment. Cliquez sur les liens des livres pour lire les critiques.
Du côté de l'écriture, une littérature ambitieuse et "coup de poing". Le rageur La Dévoration des fées signée Catherine Lalonde, poème fiévreux écrit avec les viscères, une invention langagière de toute beauté qui laisse sans voix. Toute bonne littérature devrait ressembler à ça. A l'image du spectral Des voix de Manuel Candré, une histoire de fantôme mort mais vivant, possédé par les voix. Là encore une écriture du rêve à vous bercer pour des jours entiers. Il y est question de spectralisme et de l'impossibilité de mimer la perfection divine.
Une excellente littérature américaine ensuite avec le foudroyant Nuit Appalaches, signé Chris Offutt, histoire de l'amour absolu d'un père pour ses enfants au fin fond du Kentucky. Une famille touchée par la malchance, entre pauvreté, trafics et décrépitude, qui survit avec l'énergie du désespoir. D'un lyrisme mortifère, écriture tout en retenue, splendide.
L'émouvant et immanquable Terminus Berlin d'Edgar Hilsenrath, écrivain juif allemand disparu en décembre dernier, laissant une œuvre immense. Dans ce livre, il revient à Berlin, sa mère-patrie, pour faire le constat amer des résurgences du passé. Les fantômes du nazisme guettent et lui tente d'exister en tant qu'écrivain, s'interrogeant sur son identité. Émouvant, brillant.
Un peu, beaucoup d'humour aussi avec de jolies teintes désenchantées : ne manquez pas cette histoire d'adultère métaphysique par l'excellent Matthieu Jung, Triangle à quatre (quel titre !) et le surprenant Le Chien de Madame Halberstadt par le non moins excellent Stéphane Carlier. De l'humour désespéré, des loser pathétiques mais attachants, les feel good qu'on aime...
Du sport aussi avec un héros bancal, L'Appel de Fanny Wallendorf, premier roman qui retrace la vie du champion Dick Forsbury, pionnier du saut en hauteur avec son chaloupé sur le dos. Révolutionnaire ! Pas de tics, pas d'ambition, pas dopé et pas alcoolo, un héros normal, frais. Un mystique solitaire et un romantique aussi. Livre très attachant !
Un p'tit dernier pour la route. Tenez, puisque le dernier Bret Easton Ellis sort ces jours-ci, ne manquez pas La Ferme des Mastodontes chez l'Ogre, un petit tour du côté de la jet set, à vous faire déprimer. Et qui suinte bon l'hommage à BEE... Signé Mike Kleine.
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